La mise en place du plancher du rez-de-chaussée a été une aventure.
Attention, c'est un peu technique. Sujets aux maux de tête s'abstenir !
La technique est en général plutôt facile. On pose des poutrelles en béton précontraint sur les murs. Leur longueur est telle qu'elles reposent sur 5 cm de mur à chaque extrémité, le câble de précontrainte continuant au dessus de l'épaisseur du mur. On pose des hourdis sur les poutrelles, qui sont des parpaings de ciment de forme adéquate (on les appelle aussi des entrevous, ce qui est un nom assez charmant). Puis on coule une dalle de béton par dessus le tout, armée d'un treillis métallique soudé, dite dalle de compression. Le béton remplit également l'espace au dessus du mur et forme ainsi un chaînage tout en maintenant l’extrémité des poutrelles. Simple.
Là où ça se corse c'est que la partie côté cuisine doit former un porte-à-faux. En effet, dans la partie neuve, la fondation respecte l'alignement des murs de la partie existante mais les pièces côté cuisine vont déborder jusqu'en en limite de propriété c'est-à-dire sur un porte-à-faux de 70 cm. Ceci s'explique par le fait que l'architecte n'a pas voulu faire une fondation profonde à l'aplomb de la maison attenante qui n'a pas de sous-sol, dans le soucis d'éviter à cette maison voisine ce qu'on appelle pudiquement un désordre.
Un porte-à-faux de 70 cm ce n'est pas la mer à boire et ça ne faisait pas peur à notre entrepreneur.
Malheureusement, le patron a eu subitement mal à l'épaule, il a cru avoir un problème cardiaque et il a été quelque jours peu présent.
Les ouvriers ont vu le plan, avaient à leur disposition des poutrelles qui avaient bien les 70 cm en plus. Ils ont posé ça sur les murs, mis les hourdis et coulé la dalle de compression. Dans leur idée, on allait pouvoir continuer à bâtir sur le porte-à-faux. Je sentais bien qu'il y avait un problème quelque part.
J'ai eu quelques jours d'angoisse.
D'abord, avant de couler la dalle de compression, au moins faire combler les jours entre le sommet du mur et les poutrelles. En effet les hourdis masquant le sommet du mur, le béton ne viendra pas solidariser les poutrelles avec le mur.
Ensuite les inquiétudes au sujet de la résistance structurelle. L'architecte un peu indisposé par mes récriminations et l'indisponibilité du patron de l'entreprise m'a certifié que le contremaître garantit la solidité. Le temps de discuter, les maçons ont coulé la dalle qui peut sécher pendant le weekend.
Lundi le patron vient voir le chantier et comprend tout de suite que ça ne marche pas. Il nous explique comment il avait l'intention de faire. Dommage qu'il n'ait pas su le faire comprendre à ses ouvriers !
Il faut trouver une solution.
On va réaliser de vraies poutres pour soutenir la suite du mur au dessus du porte-à-faux, faisant supporter le poids sur les murs latéraux, pas sur le mur au dessus duquel passent les poutrelles. En effet les poutrelles ne sont en aucune façon prévues pour porter un mur.
En fait de murs latéraux, il n'y en a qu'un puisque la construction complète une partie ancienne. Pour suppléer au mur manquant et sa poutre impossible (contre l'existant), un support sera réalisé en refaisant une fondation dans le passage, ce qu'on voulait éviter au début.
Ouf, après ces péripéties le reste devrait être plus simple, rien que du standard. Malgré tout, il faut garder l’œil et savoir anticiper !
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